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Journée scientifique à l’UAC : Voici la réflexion philosophique du chercheur Vihamba sur l’approche « médicament-poison » de l’Intelligence Artificielle à l’Université

24 Décembre 2025 12 0

En lien avec le Centre de Recherche Interdisciplinaire, CRID-UAC, les Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université de l’Assomption au Congo ont réuni la crème intellectuelle de Butembo sur l’Intelligence artificielle et la recherche scientifique, le samedi 20 décembre 2025, au site universitaire de Kambali. Des étudiants, enseignants, et cadres de la recherche de la place ont participé activement à ce débat de portée scientifique. Sur base d’une investigation faite à l’UAC, le chercheur VIHAMBA MUSOSOTYA Jean-Paul a démontré que l’IA et la Recherche sont complémentaires avec des paradoxes inévitables pour les chercheurs.

Selon ce chercheur, tout part d’un paradoxe. « Les données de l’enquête menée à l’Université de l’Assomption au Congo révèlent un paradoxe fondamental : avec 92,5% d’utilisateurs parmi les étudiants et enseignants, mais 50% craignant des diplômés sans compétences et 43,8% redoutant la paresse intellectuelle, nous assistons à la manifestation concrète d’une crise profonde qui touche aux fondements mêmes de l’institution universitaire.  Comme l’avait pressenti Bernard Stiegler avec son concept de pharmakon, l’IA apparaît simultanément comme remède (elle compense le manque de livres pour 26,3% des répondants) et comme poison (elle crée une dépendance technologique pour 30%) », a présenté  VIHAMBA MUSOSOTYA Jean-Paul, enseignant de logique et philosophie à l’Université de l’Assomption au Congo.

D’après lui, cette tension interroge ce que signifie produire, transmettre et valider des savoirs à l’ère où les machines peuvent générer des textes qui imitent la pensée humaine. L’enquête menée à l’UAC, avec ses spécificités contextuelles (dont les contraintes infrastructurelles) offre un terrain privilégié pour penser cette transformation, car elle met en lumière comment les défis généraux de l'IA prennent une coloration particulière dans ce contexte académique.

VIHAMBA MUSOSOTYA Jean-Paul pense qu’il ya lieu de faire une étude comparative pour évaluer les tendances sur l’IA. « Selon les données statistiques de l’enquête menée dans deux contextes différents, en Belgique (404 enseignants – répondants) et à Butembo (80 répondants ; ce travail, bien qu'à l'étape de son amorce, nous autorise déjà quelques découvertes), la « noétisation », ressortie du rapport de l’ULiège, définie comme la mécanisation des tâches intellectuelles, interprété comme un affront redouté à ce qui est propre à l’intellectuel, sa capacité à penser par lui-même, à réfléchir (…). A l'ULiège, l’adoption de l’IA est motivée par le confort et le gain de productivité personnelle (42 %) dans un environnement stable. À l’UAC, l’adoption relève de la nécessité, servant à compenser des déficits structurels comme le manque de livres ou les difficultés liées à la langue de recherche (l’anglais et le français). La posture pédagogique dominante à l’ULiège est le pragmatisme, c'est-à-dire la valeur pratique de l’IA dans les tâches académiques. Le paradoxe à l’ULiège est que l’IA est massivement adoptée comme un outil de productivité personnelle par les enseignants, mais qu’il existe une forte réticence à l’intégrer dans les processus d’évaluation, comme la correction des travaux, remettant en question sa prétendue valeur ajoutée pédagogique. Le paradoxe à l’UAC est que l’IA est perçue comme un outil de compensation indispensable, adopté par nécessité, tout en étant simultanément considérée comme une menace pour la valeur même du diplôme et des compétences qu’elle est censée aider à acquérir ; Les modifications défensives des pratiques d’évaluation à l'ULiège incluent principalement l’ajout de vérifications orales (33 % des cas) et le retour à des évaluations en présentiel (28 %). En effet, seulement 21,3 % des répondants considèrent l’usage non déclaré de l’IA comme une fraude effective. Les deux principales craintes à Butembo sont que l'IA mène à des diplômés sans compétences réelles (50 %) et qu’elle favorise la paresse intellectuelle (43,8 %) », a fait découvrir VIHAMBA MUSOSOTYA Jean-Paul, Augustin de l’Assomption et Doctorant à Domuni Universitas

Face à l’IA, cette présentation a formulé des recommandations partagées. « Pour l’ULiège, la recommandation prioritaire est de développer la formation pédagogique et de renforcer le partage d’expériences entre enseignants. Pour l’UAC, la priorité absolue est d’élaborer de toute urgence un cadre éthique et pédagogique institutionnel clair, accompagné d’un programme de formation structuré », a-t’on formulé.

Chantier de résolutions et ouverture

Cette enquête comparative (ULiège et UAC) dessine le portrait d’une université en phase d’assimilation pragmatique d’une technologie disruptive (qui produit ou peut produire une rupture). Si la recherche tend vers une adoption rapide mais centrée sur la productivité, la pédagogie y révèle des expérimentations prudentes et un besoin crucial de formation.

Pour VIHAMBA MUSOSOTYA Jean-Paul, la philosophie qui s’en dégage est celle d’une institution engagée dans un questionnement critique profond sur son rôle et ses valeurs fondamentales à l’ère de la « noétisation ». Cette étude ne lève, pour lui, qu’un coin du voile sur ces dilemmes, mais elle en pose clairement les termes, appelant à un débat qui dépasse largement la seule question des outils.

L’enquête menée à l’UAC fonctionne comme un miroir des tensions qui traversent l’Université contemporaine, mais avec les accents spécifiques du contexte de la ville de Butembo. Le paradoxe fondamental, l’IA comme Pharmakon, n’est pas près d’être résolu, car il touche à des questions philosophiques anciennes : qu’est-ce que savoir ? Qu’est-ce qu’enseigner ? Qu’est-ce qu’apprendre ?

Les données montrent que la communauté de l’UAC n’est pas naïve. Elle perçoit les risques mais aussi les opportunités. Sa demande massive d’encadrement, d’une éthique témoigne d’une volonté de maîtriser ces outils plutôt que de les subir. Dans le cas contraire, l’IA pourrait s’imposer ironiquement comme l’avènement d’une ère de terreur et de colonialisme de l’humanité.

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